EDITO : Michel Wautot
« Il faut savoir que les choses sont sans espoir et tout faire pour les changer »
Rainer Maria Rilke
Doit-on se réjouir du programme d’organismes culturels, qui mettent au premier plan « la sensibilisation à l’art contemporain » où, et c’est là où le bât blesse, sont exaltés même les médiocres, sous peine de passer pour attardé ?
Doit-on se réjouir de ce que les émissions et revues émanant des instances officielles ne proposent, trop souvent, qu’un environnement qui vous plonge dans une ambiance de chambre froide ?
Doit-on se réjouir de la multiplication des gadgets électroniques, qui ligotent jeunes et adultes dans un « esclavage » sournois mais bien réel ?
Chacun aura une réponse ou sa réponse.
Attention, diront certains, souvenez-vous que tous les novateurs ont été critiqués et même honnis par les brillants esprits et autres critiques de leur temps. C’est exact.
Si nous prenons l’exemple de l’Art pictural et de ses avatars depuis 1850 : impressionnisme, expressionnisme, symbolisme, cubisme, fauvisme, abstraction… il existe une différence avec notre temps. C’est le marché financier de l’art. Certes, il y a eu de tout temps des marchands, des galeries, des mécènes, mais il n’y avait pas un marketing poussé à l’extrême, propulsant n’importe quoi ou n’importe qui, à seule fin de réaliser un maximum de profit. Il n’est plus fait appel au sentiment du « coup de cœur », mais au sentiment d’être « dans le coup » principalement pour un public qui ne peut exister s’il n’est pas « à la mode ». Il n’est que de lire les résultats atteints dans les grandes salles de vente.
Un bon baromètre pour déterminer la valeur émotionnelle d’une oeuvre, au sens large du terme (l’art étant émotion), est la longueur du texte expliquant le contenu de l’œuvre, plus c’est long et alambiqué plus c’est mauvais.
Jouant sur l’individualisme-moutonnier, notre époque favorise les faiseurs aux dépend des créateurs contemporains. Nous pouvons nous poser la question de l’avenir d’innombrables « performances » et autres « installations » où les objets, surtout à l’état de rebut, sont transformés en conscience de l’humanité par des maquignons.
Une réponse est : l’intérêt de plus en plus grand d’un large public pour les journées du Patrimoine, la volonté, tant au Nord qu’au Sud du pays, de restaurer leurs cités, l’engouement pour la restauration des édifices de prestiges et les expositions des grands noms des arts anciens et modernes… et contemporains.