« Il faut savoir que les choses sont sans espoir et tout faire pour les changer »
Rainer Maria Rilke
Quels visages auront nos communes dans vingt ans ?
Il y a encore une quarantaine d’années on pouvait, sans passer pour un farfelu, qualifier du nom de village un certain nombre de communes du sud de Bruxelles. Il y a encore vingt ans, nous-mêmes osions toujours utiliser ce vocable qualificatif.
Aujourd’hui, les seuls à user de cette appellation sont, la plupart du temps, ceux qui auraient dû prendre garde à ce que l’extinction du mot « village » n’arrive pas. A leur décharge, dans l’ensemble de ces communes péri-urbaines, certaines ne brillaient ni par leur architecture, ni par leurs connaissances dans le domaine de l’aménagement du territoire. D’où la cacophonie architecturale de nombre de centres de communes ou de petites cités du Brabant wallon, cacophonie à laquelle s’ajoute des enseignes disparates au-dessus d’installations hétéroclites des rez-de- chaussée commerciaux.
Voulant sans doute bien faire, dans l’affolement d’une proche démo-graphie galopante, le secteur politique a pris des options, pour aménager le territoire, préconisant fortement la densification des centres urbains et la « mise au pilori » des maisons quatre façades. Ce qui favorise efficacement le secteur immobilier et permet un développement considérable de logements dans les centres sans une nécessaire cohésion. Le problème réside dans l’esprit de nombreux responsables publics pour qui, il n’y a pas ou peu de différence entre densification de ville et densification de village. Quant aux quatre façades elles culpabilisent leurs candidats bâtisseurs ou fournit l’occasion à leurs propriétaires de diviser ou d’abattre leur bien, au profit de multi-logements. Or l’intérêt et le charme d’une commune naissent de la conjonction d’un ensemble bâti où l’on retrouve une unité de matériaux et de couleurs, mais avec des détails distincts, et l’implantation d’espaces publics verdoyants.
« Genval-les Eaux » n’était pas un centre, mais c’est un bon exemple réussi d’une unité dans la diversité de l’art-nouveau et de l’art-déco. Ce qui devrait être la préoccupation des responsables de l’urbanisme c’est de prévoir leurs « centres » dans vingt ans et d’éviter de les retrouver hérissés ou de « sanatoriums » (murs blancs, châssis noirs, zinc gris patiné) ou d’un nouvel ensemble disparate n’évoquant en rien l’ambiance d’une commune hors-ville, comme on le voit souvent actuellement. « Oui, c’est bien ce que vous préconisez, mais ça coûte cher». C’est faux. Et l’informatique permet de retravailler un projet en un temps record, là où, dans le temps, il fallait plusieurs jours pour un plan.